Lacustra

De-atâtea nopţi aud plouând,
Aud materia plângând...
Sunt singur, şi mă duce un gând
Spre locuintele lacustre.

Şi parcă dorm pe scânduri ude,
În spate mă izbeşte-un val --
Tresar prin somn şi mi se pare
Că n-am tras podul de la mal.

Un gol istoric se întinde,
Pe-acelaşi vremuri mă găsesc...
Şi simt cum de atâta ploaie
Piloţii grei se prăbuşesc.

De-atâtea nopţi aud plouând,
Tot tresărind, tot aşteptând...
Sânt singur, şi mă duce-un gând
Spre locuinţele lacustre.


Nevroză

Afară ninge prăpădind,
Iubita cântă la clavir, --
Şi târgul stă întunecat,
De parcă ninge-n cimitir.

Iubita cântă-un marş funebru,
Iar eu nedumerit mă mir :
De ce să cânte-un marş funebru...
Şi ninge ca-ntr-un cimitir.

Ea plânge şi-a căzut pe clape,
Şi geme greu ca în delir...
În dezacord clavirul moare,
Şi ninge ca-ntr-un cimitir.

Şi plâng şi eu şi tremurând
Pe umeri pletele-i resfir...
Afară târgul stă pustiu,
Şi ninge ca-ntr-un cimitir.


Poema în oglindă

În salonul plin de vise,
În oglinda larg-ovală încadrată în argint,
Bate toamna,
Şi grădina cangrenată,
În oglinda larg-ovală încadrată în argint.

În fotoliu, ostenită, în largi falduri de mătase,
Pe când cade violetul,
Tu citeşti nazalizând
O poemă decadentă, cadaveric parfumată,
Monotonă.

Eu prevăd poema roza a iubirii viitoare...
Dar pierdută, cu ochi bolnavi,
Furi, ironic, împrejurul din salonul parfumat.
Şi privirea-ţi cade vagă peste apa larg-ovală,
Peste toamna de oglindă -
Adormind...

Eu prevăd poema roză a iubirii viitoare...

Însă pal mă duc acuma în gradina devastată
Şi pe masa părăsită - alba marmora sculptată -
În veşmintele-mi funebre,
Mă întind ca şi un mort,
Peste mine punând roze, flori pălite,-ntârziate
Ca şi noi...

Zi, finala melodie din clavirul prăfuit,
Or ajunge plânsul apei din havuzele-nnoptate.
Vezi, din anticul fotoliu -
Agonia violetă,
Catafalcul,
şi grădina cangrenată,
În oglinda larg-ovală încadrată în argint...



Marş funebru

Ningea bogat, şi trist ningeal; era tîrziu
Cînd m-a oprit, în drum, la geam clavirul;
Şi-am plîns la geam, şi m-a cuprins delirul
-
Amar, prin noapte vîntul fluiera pustiu.

Un larg şi gol salon vedeam prin draperii,
Iar la clavir o brună despletită
Cînta purtînd o mantie cernită,
Şi trist cînta, gemînd între făclii.

Lugubru marş al lui Chopin
Îl repeta cu nebunie…
Şi-n geam suna funebra melodie,
Iar vîntul fluiera ca ţipătul de tren.

Apoi, veni şi-o blondă în salon…
Şi-aproape goală prinse, adormită,
De pe clavir, o scripcă înnegrită -
Şi urmări, pierdută, marşul
monoton.

Înaltă, despletită, albă ca de var,
Mi se părea Ofelia nebună…
Şi lung gemea arcuşu-acum pe strună
Îngrozitorul marş lugubru, funerar.

Cîntau amar, era delir, -
Plîngea clavirul trist, şi violina -
Făcliile îşi tremurau lumina,
Clavirul catafalc părea, şi nu clavir.

Tîrziu, murea clavirul lung gemînd;
Luptau făcliile în agonie…
Şi-ncet se-ntinse-o noapte de vecie,
Şi-n urmă, greu, un corp am auzit
căzînd.

Vai, de-atunci îmi pare lumea şi mai tristă,
Viaţa-i melodie funerară…
Şi nu mai uit nebuna lăutară -
Şi transfigurata, trista claviristă.


Sange, plumb si toamna

Încet prin ploaia tristă
Un piept curbat de tuse
Cu sânge în batistă
Pe după colţ se duce,
Încet prin ploaia tristă.

Tot plumbul ud al ceţii
Pe urmă-i se abate,
Prin gangurile pieţii
Şi-n frunzele uscate,
Tot plumbul ud al ceţii.

E sânge, plumb şi toamnă.
Cu negru braţ de pace
O cracă tot mă-ndeamnă
Lugubră şi tenace.
E sânge, plumb şi toamnă.


SONET

E-o noapte udă, grea, te-neci afară.
Prin ceaţă – obosite, roşii, fără zare –
Ard, afumate, triste felinare
Ca într-o crâşmă umedă, murdară.

Prin măhălăli mai neagră noaptea pare,
Şivoaie-n case triste inundară,
Ş-auzi tuşind – o tusă-n sec, amară –
Prin ziduri vechi ce stau în dărâmare.

Ca Edgar Poe mă reîntorc spre casă
Ori ca Verlaine topit de băutură –
Şi-n noaptea asta de nimic nu-mi pasă.

Apoi, cu paşi de-o nostimă măsură,
Prin întuneric bâjbâiesc prin casă,
Şi cad, recad, şi nu mai tac din gură.











 
 
Gerorge Bacovia - Poèmes

 


 
 
 
 
Décembre

Voilà comme neige ce mois de décembre,
Regardez les vitres, ma bien-aimée.
Dites qu’on apporte encore de la braise -
Je veux entendre le feu crépiter.

Et poussez mon fauteuil avant l’âtre
Pour que j’entende, dans la cheminée,
La tourmente de mes jours – ou tout comme,
Je veux leur symphonie discerner.

Et dites qu’on apporte aussi le thé
Et rapprochez-vous donc davantage,
Dites-moi des histoires des deux pôles –
Que tombe la neige, qu’on y fasse naufrage.

Qu’est-ce qu’il peut faire chaud, ici, chez vous,
Tout, dans cette maison, m’est saint, franchement –
Regardez comme il neige, ce décembre –
Ne riez pas… lisez donc de l’avant.

Il fait jour et, pourtant, plutôt sombre,
Dites qu’on nous apporte aussi la lampe.
Voilà, la neige monte la palissade –
Le givre a recouvert même la rampe.

Aujourd’hui, je ne rentre plus chez moi…
Tourmente par derrière, comme par devant,
Regardez comme il neige, ce décembre –
Ne riez pas, lisez donc de l’avant.


(Traduction : Constantin Frosin)



Plomb

Cercueils de plomb dormaient à poings fermés
Comme fleurs de plomb, funéraire vêtement –
Moi. Le caveau !... il y faisait du vent.
Pour faire pendant, couronnes de plomb grinçaient.

Dos tourné, mon amour de plomb dormait
Sur fleurs de plomb ; j’entrepris de l’appeler –
Le mort – seul. Et moi… le froid y régnait…
Toujours en plomb, ses ailes par terre pendaient.


(Traduction : Constantin Frosin)



Ego

Toujours paisible et seul
Dans mon monde désert
Et où sans trêve la
Misanthropie m’enserre,

De tout ce que j’écris
Résulte si bien la
Même grande insouciance
Envers des gens et toi.

(Traduction de Ion ROSIORU)



Pulvis

Ô éternité, infini,
Toi, chaos, qui embrasse tout…
Dans ton abîme, la folie –
Tous, à la fin, tu nous rends fous.

Devant toi, je suis le plus vil.
Ô éternité, infini –
J’aime une fille de la ville…
Apprends-moi la philosophie.

Ô éternité, infini,
Quand je frissonne dans la fièvre,
Au loin, oh! Supreme ironie,
Tu dessines un cimetière.

(Traduction : Constantin Frosin)


SONNET
 
Une nuit fluide, où l’on noie dans de lourds torrents.
Dans le brouillard - fatigués, sans horizon, rougeauds –
Se consument d’enfumés et de tristes falots
Comme au-dedans d’un sale et humide beuglant.
 
Dans les banlieues, la nuit plus noire apparaît,
Rivières en crue de tristes maisons inondèrent,
De nombreuses quintes de toux, bien sèche et amère –
S’entendent par les murs sur le point de tomber.
 
Je rentre chez moi tout pareil à Edgar Poe
Ou comme Verlaine qui prit une mauvaise biture –
Et de tout ce qui est, cette nuit peu m’en chaut.
 
Ensuite, rythmant mes pas d’une drôle de mesure,
Je cherche dans le noir mon lit, pour faire dodo
Et je tombe, retombe et n’arrête ma parlure
 
(Traduction : Constantin Frosin)


SANG, PLOMB ET AUTOMNE
 
Sous la pluie triste, doucement
Une poitrine malade de toux
Le mouchoir taché de sang
Tourne le coin, va dieu sait où
Sous la pluie triste, doucement.
 
Tout l’humide plomb des fumées
Se déverse sur ses propres traces,
Dans les passages du marché
Et parmi ces feuilles qui cassent,
Tout l’humide plomb des fumées.
 
Sang, plomb et automne, rien d’autre.
Un noir bras de paix, d’une masse
Tombe d’une branche maîtresse, m’exhorte
Lugubre et autrement tenace.
Sang, plomb et automne, rien d’autre.
 
.
(Traduction : Constantin Frosin)
 
 

 

 
 
 
 

 
 
 
Névrose

Dehors, il neige en avalanche,
La bien-aimée joue au piano.
Dans le bourg, les ténèbres s’épanchent (s’étanchent)
Comme s’il neigeait sur les tombeaux.
 
La bien-aimée joue une marche funèbre,
Ceci m’étonne et me sidère :
Pourquoi jouer cette marche funèbre…
Et il neige comme dans un cimetière.
 
Elle pleure, aplatie sur le clavier,
Délire, gémit et reste sans air…
A l’abandon, le piano se tait (se meurt)
Et il neige comme dans un cimetière.
 
Je pleure aussi et, en tremblant,
Défais ses cheveux dans son dos…
Dehors, le bourg est voué au néant,
Et il neige comme sur les tombeaux.
 
(Traduction : Constantin Frosin)

 
LE POÈME DANS LE MIROIR
 
Au salon débordant de rêves,
Dans le miroir large et ovale, tout encadré en argent,
L’automne se reflète,
Et le parc sujet aux gangrènes,
Dans le miroir large et ovale, tout encadré en argent.
 
Dans ton fauteuil, épuisée, blottie parmi
de larges plis de soie,
Pendant la tombée du crépuscule,
Tu lis, tout en nasalisant
Un poème bien décadent, cadavériquement parfumé,
Moult monotone.
 
Je prévois le poème autrement rose d’un amour à venir…
Mais, comme perdue, d’un œil malade,
Tu dérobes, ironiquement, le contour du salon parfumé.
Alors que ton regard tombe vaguement
sur l’eau large et ovale,
Au-dessus de l’automne du miroir –
S’endormant…  
 
Je prévois le poème autrement rose d’un amour à venir…
 
N’importe, je me dirige tout blême vers le jardin dévasté
Et à même la table abandonnée
– à même ce blanc marbre sculpté –
Affublé de mes vêtements funèbres,
Je me couche, à l’image d’un mort,
Tout en me parsemant de fleurs fanées et bien tardives
Comme nous deux…
 
Le jour et la mélodie finale du piano poussiéreux,
Rejoindront les larmes des bassins à jets d’eau plongés
 dans la nuit.
Regarde, de ton fauteuil antique –
Cette agonie toute violette,
Le catafalque,
Et le parc sujet aux gangrènes,
Dans le miroir large et ovale, tout encadré en argent.
 
(Traduction : Constantin Frosin)

 
MARCHE FUNÈBRE
 
Il neigeait d’abondance, tristement, il faisait tard
Quand un piano, à ta vitre, m’interrompit :
Je fondis en larmes, et ce fut la folie.
 
Amèrement, dans la nuit, le vent sifflait, hagard.
 
Un large et vide salon voyais-je entre les rideaux ;
Assise au piano, une brunette dénattée
Jouait, vêtue d’un manteau endeuillé,
Et tristement jouait, gémissant entre les flambeaux.
 
La si lugubre marche de Chopin,
Elle la répétait à la folie…
La vitre reprenait cette funèbre mélodie,
Et le vent sifflait, tout pareil au cri du train.
 
Puis, une blonde arrive aussi au salon…
Et presque nue, elle saisit, toute assoupie
Sur le piano, un violon autrement noirci
Et joignit à la marche monotone, son triste son.
 
De haute taille, les cheveux défaits,
d’un blanc presque vert
Elle m’apparaissait comme Ophélie la folle…
Et l’archet de gémir sur les cordes bien molles –
Rendant cette effroyable marche lugubre, funéraire.
 
Quel chant amer, cette passion du chaos, -
Tristement pleurait le piano, et le violon –
Les flambeaux jetaient, en tremblant, des rayons,
Le piano semblait un catafalque, non piano.
 
Sur le tard, le piano gémit, se mourait :
Les flambeaux y mettaient d’eux, à l’agonie…
Tout doux, le noir rendit éternelle la nuit,
Enfin, j’entendis un corps lourdement s’effondrer.
 
Depuis lors, je trouve le monde encore plus triste,
La vie n’est elle qu’un chant par trop malheureux…
Et je n’oublie plus ce fou violoneux
Et la transfigurée, autrement triste, pianiste.
 
(Traduction : Constantin Frosin)


LACUSTRE

Depuis des nuits, il pleuvait.
J’entends la matière pleurer…
Je suis seul, et ma pensée
Remonte aux cités lacustres.

Je dors comme sur des planches humides,
Une vague déferle dans mon dos –
Je sursaute en sommeil et je pense :
Mon pont franchit encore la voie d’eau.

Un abîme historique se creuse,
Tout est comme avant, rien n’a changé…
Et je sais qu’avec toute cette pluie,
Les gros pilots vont s’effondrer.
 
(Traduction : Constantin Frosin)