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Amalia Achard - Poèmes
 
 
Mars

Enfin, le Mars! Et le printemps
- armé de ses plus jeunes narcisses -
pourchasse l’hiver, le mauvais temps,
devient douceur libératrice!
Et le sourire revient à lui,
plus lumineux sont les visages,
et tout ennuie des yeux s’essuie
par la beauté du paysage.
On perd en route quelques années,
on est plus jeune, plus élégant,
on se croit rois instantanés
des rêves les plus extravagants.
Combien vivante est notre vie
parmi les fleurs et les insectes,
quand le soleil revivifie
la chlorophylle des feuilles vertes!
Sans plus attendre, bourgeonnons,
- printemps impose, nature exige -
les cœurs remplis des émotions
enivrons-nous de leurs vertiges!


Envole-toi!

Vitupérer ton désespoir
ne t’ouvrira un déversoir
pour tes chagrins, douleurs et larmes,
ne servent à rien menaces et armes...
Contente-toi de vivoter
et ne cherche pas à boycotter
les fortunés qui t’environnent
et, insensibles, t’abandonnent!
Quand, trop jaloux de leur bonheur
tu leur dédies un doigt d’honneur
la haine qui s’empresse de toi
t’éloigne de ta propre joie.
Plutôt que de pleurer ton sort
prends soin de ton fragile essor,
et vole, et nargue ce système,
même que plus bas, mais vole quant même!


L’automne

Pluie continuelle et dense, si tu dansais
non pas aux clapotis, mais sur la pointe des pieds,
et si toi, le vent, soufflais en murmurant
vous auriez tous mes remerciements...
À l’instant l’automne me fait une confession,
soyez prévenants et baissez le ton
par respect aux arbres qui portent, tristes, le deuil,
que je puisse entendre le soupire des feuilles,
que mes yeux s’attristent quand se vide le ciel
en un majestueux vol cérémoniel
d’oiseaux, migrant avec leurs oiselles,
et que je vénère l’enluminure orange
dont l’automne brunit les plumes de ses anges…
Votre tintamarre fait fuir les ombres
qui perdent leurs pas gris dans la pénombre,
et la turbulence troublent même le froid
qui, fatalement, veux s’emparer de moi,
et, déconcentrée pas vos gémissements,
je risque de trembler incorrectement…

Chut… je veux dormir comme lorsque j’étais môme
quand l’automne entonne son chant polychrome…


Un instant

… un parfait instant,
de paix, de surprenant,
unique et éphémère
quand mon âme espère
que l’amour prospère...
par quelle chance m’envoie
le hasard, cette joie?
l’extase sans limite
et fort béatifique
me fige, et pour longtemps
j’admire et pleure l’instant…


Je

collectionne
des nuances de bleu
de toutes les eaux,
des chanson d’oiseaux,
les rires les plus beaux,
et le sens des mots,
le goût sucré de tous les baisers
d’amour,
je transforme en velours
quelques murs
qui nous séparent,
puis je pars
courir dans les champs fleuris
et je ris, je ris, je ris…
si tu venais aussi
je t’offrais un pays
issu d’un rêve réussi…


Nous étions si près!

Il nous séparait juste… quoi?
Un pas?…
un siècle, une promesse
un entretien d’embauche
une opération d’appendicite
un rêve un continent
un papillon qui nous avait coupé la route?
Un rien du tout
et pourtant
nous nous sommes manqués…
Quand je pense
que nous étions si près!

 

Sursa: Amalia Achard, 22 martie 2020