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Michel Bénard - Poèmes
 
  • D’un effleurement sensible
    Arrimer mon échelle de corde
    Aux degrés du ciel,
    Demeurer dans la dualité,
    Oscillation incertaine d’un miracle
    Nimbé de lumière céleste
    Nous hissant par son fil d’argent
    Au sommet des voies de l’âme.
    D’un effleurement sensible
    Reconquérir l’homme de l’origine
    Traçant de la vie son profond sillon.

    *

    L’aurore se fait incertaine,
    L’incisive larme de froid
    Etend ses lueurs d’acier
    Sur le silence pastoral
    Que blanchissent
    Quelques cristaux de givre.
    Le temps silencieux est passé,
    Des pattes d’oiseaux
    Se sont incrustées
    Aux sourires de nos yeux.
    Bel automne où les couleurs
    Rutilent, brillent, éclatent,
    Ocre, jaune, rouge, tons chauds.
    Le ciel lui, s’est peu à peu voilé,
    La brume anonyme s’est installée
    Dans un monde d’apparence
    Qui semble se déliter.

    *

    Lorsque le rêve m’emporte
    Je le mets en couleur,
    Puis bois un verre de vin
    A la robe rubis.

    Alors je vois fleurir les cerisiers
    Sur les neiges du Fuji-Yama,
    Dans une antique felouque
    Je prends les vents brulants
    Sur les eaux sablonneuses du Nil
    Où je croise Abou-Simbel.
    Au fond d’un vieil atelier
    Sur un chevalet déployé,
    Je découvre un étrange tableau
    Sous un drap de lin empoussiéré,
    Œuvre de maître ancien
    Où se profile un portrait
    Laissant apparaître
    Les traits de votre visage,
    Votre doigt sur vos lèvres posé
    Comme pour taire un secret.

    Lorsque le rêve m’emporte
    Je l’écris en lettres d’or
    Pour qu’il devienne le poème
    Où j’ose dire je vous aime.

    *

    Lorsqu’un mot renverse le destin,
    Alors nous prenons la mer, le large,
    Dans un état d’urgence,
    Une nécessité salvatrice.
    Le regard devient différent
    Il se déploie sur une vie nouvelle,
    Un imprévisible essor
    Dans les reflets d’une âme sœur,
    D’une femme source porteuse
    Du mystère de la flamme jumelle,
    Gardienne d’une passion de légende.
    Lorsqu’un mot oriente le destin,
    Alors nous nous surprenons à écouter
    Les variations d’une flûte dans l’aurore,
    Préludant l’appel du désert
    Où germent les mystères de l’Orient.
    Lorsqu’un mot féconde le destin,
    Alors nous nous risquons à croire
    A l’abondance d’une terre promise,
    Face et mains devant le mur,
    Sur l’énigmatique beauté
    D’un visage drapé de brume
    Dont la mémoire nous revient
    Dans les effluves d’un parfum.
    Il règne ici comme un souffle
    De repentir mêlé
    A de pénétrantes lumières
    Confondues aux fièvres du désir ,
    Lorsqu’un mot inverse le destin.

    *

    Nimbé du silence des cimes
    Le ciel prend soudainement
    La transparence d’un Vermeer,
    Ame et esprit y puisent
    Mouvances et turbulences
    Nappé d’un flot de lumière.
    C’est une page qui s’ouvre
    Sur un espace de liberté,
    C’est une fête pastorale
    Intime et matinale
    Où des notes de verdure
    En touches d’ombre éphémère
    Laissent entendre battre
    Le rythme de la vie,
    Dans un berceau de paix
    Drapé de sérénité.

    *

    Par la beauté
    De vos seins de porcelaine
    Qui éblouissent mes rêves,
    En votre nudité
    Vous m’apparaissez,
    Telle une vierge vénitienne
    Enveloppée par un chant grégorien,
    Votre corps s’embrase
    En s’offrant à l’extase
    D’un songe de soie bleue.
    Par la beauté
    De vos seins de porcelaine
    Confiant leurs chants aux étoiles
    Dans un reflet d’éternité,
    Je me laisse emporter
    Dans l’évanescence du silence
    Par une vague émotionnelle
    Et vous caresse d’une main
    Porteuse d’une aile de papillon.

    *

    Regard éperdu et effaré
    De la mère portant
    L’enfant de la désolation,
    De la misère, de la famine.
    Femme transie au cœur
    De la grande infamie,
    Femme crucifiée
    Au seuil de l’hiver,
    Frissonnant en silence
    Sous le souffle insidieux
    De la mort lente.
    Emportée dans le tourbillon
    Des injustices de l’homme,
    Perdue dans les solitudes
    De l’indifférence du monde.

    *

    Poème dédié à l’ami et grand calligraphe Ghani Alani.

    En son aura de silence,
    La calligraphie révèle
    Cette fragile beauté
    De paysage flottant
    Dans une musique d’encre,
    Mêlée de traces, de signes,
    Ocrés d’une lumière
    Auréolant d’ésotériques symboles,
    Les déliés de la ligne de vie.

    *

    En mémoire d’Amadeo Modigliani.

    Il ignorait que la vie
    Etait plus fragile
    Qu’une étoile de David
    Ebauchée dans la neige.
    Il lui a dit,
    « Lorsque je connaitrai ton âme
    Je peindrai tes yeux.../... »
    Et il a peint ses yeux !
    Depuis leurs âmes se confondent
    Au bas d’une toile inachevée
    Où s’enlacent deux initiales flammées,
    A et J.

    *

    Poème en partage avec Lilith première.

    Dans le sillage incertain
    Des signes jumelés
    De nos flammes consumées,
    Dans le secret voilé
    Je me surprends à rêver
    De peindre le poème
    Et d’écrire l’icône,
    Sur le désert d’une plage
    Au sable mordoré.
    Simples lignes concordantes
    Entre lettrines rouges et or,
    Juste à ce point où veille
    Une forme nouvelle d’amour,
    Que fertilisent l’écume et le sel
    Sur l’orbe nacré
    Des lèvres irisées
    De la naissance du jour.

    *

    Petit partage du jour...avec ma Lilith

    Nous traversons les jeunes frondaisons,
    Puis l’immensité des champs
    Aux vagues de blés blonds,
    Où les ailes des anges
    S’embrasent au feu céleste,
    Lorsque soudain est apparu
    Un visage de douceur vénitienne,
    Dans le mystère d’un silence
    S’étirant sur les brumes de chaleur.
    Nous traversons les jeunes frondaisons,
    Sous les baisers du soleil
    Où le bleu du ciel soudain
    S’est rempli d’hirondelles.

    *

    Texte en partage avec dame Lilith......

    Par le lien du partage,
    Pour vous je dépose
    Quelques tendres mots
    D’amour ou d’amitié,
    Comme des pattes d’oiseaux
    Sur l’ultime gelée blanche
    Où percent timidement
    Les premiers perce-neige,
    Annonciateurs des frémissements
    De notre complice printemps.
     

    *

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    Sursa: Michel Bénard, 23 martie 2020